- voir
- Voir, neutr. gen. monosyll. Signifie vray, et vient de Verum Laþtin, et est fait comme Soir de Sero, et Veoir de Videre, et Croire de Credere, et Douloir de Dolere, Les anciens en usoyent ordinaireþment, disans il est voir, Il dit voir, Verum est, Verum ait, Mais à present on use de Vray, qui est fait dudit mot ancien par transposition de lettres, et mutation de o en a. Mais quoy que ce primitif Voir soit maintenant inusité, si en demeurent ils en usage commun, ces deux voire, (duquel on use par interrogation, ou admiration, quand aucun propos nous est tenu duquel nous redemandons la verité à celuy qui parle à nous, ou nous en esbahissons; disans, voire? Verumne est? Itaþne est vt narras? Et par affirmation quand nous le geminons, voire voire, Sane quidem, Et par ironie, voire, voire, Belle scilicet, Et sans le geminer, comme vrayement voire, ou voire vrayement, Scilicet profecto? Rem tu veram narras scilicet, Et voire deà, Scilicet, l'Italien ne transforme gueres le Latin, disant, vero, et veramente, mais l'Espagnol trop plus, disant verdadero, verdaderamente, Qu'il tire du Latin Veritas, Et en adverbe, ainsi que Verum Latin, mais c'est avec l'adjonction ou de la particule adverbiale Mais, voire mais j'en porteray la peine, At enim isthaec in me cudetur faba, Verum omne malum in me recidet, Ce que le Latin rend aussi pour quin et Atqui, Comme voire mais l'argent est tout prest, Quin paratum argentum est, Voire mais dy moy, Quin dic mihi.) Et voirement adverbe, Certe profecto, Voirement vous viendrez, Profecto etiam si reluctans venies, Auquel on prepose quelquesfois ladite particule Mais, comme, Mais voirement qui me garde que je r'entre? Atque adeo autem, cur non egomet introeo?Voir disant, m. acut. Est composé de deux entiers, celuy qui dit vray et parle à la verité, Veridicus, Et est epithete affecté aux Heraulds, par ce que le devoir de leur office est d'avoir tousjours la verité à la bouche, et ainsi sont ils nommez au traicté du serment qu'ils doivent prester en leur institution audit estat.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.